Tu te rappelles
Le soleil brutal et blanc nous balayait sur la terrasse
Tu te rappelles
On jouait plus tout à fait enfants
On jouait à provoquer la mort
Et les soldats criaient "rentrez ! rentrez! "
Tu te rappelles
Sur la terrasse on s'écrasait pour ne plus être vus
Tu te rappelles
Sur la ville planait une odeur noire
Acre et prenante
Tu te rappelles
Les maisons éventrées moitié brûlées
Nous laissaient entrer visiteurs dérisoires
Tu te rappelles
Les jours et les nuits
Quand les balles et les bombes rythmaient
Des sommeils toujours interrompus
Tu te rappelles
Ce grand bateau qui débordait qui débordait d'humains
Tu te rappelles
Cette longue traversée
Vers ce pays inconnu et sans porte
Tu te rappelles
Sans passé, sans avenir sans espoir
Juste une peur
Tu te rappelles
Nous étions une multitude
Nous étions seuls
Seul
Photographie : Jean-Paul V.
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