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  • Photo du rédacteurBruno

Harkis, je vous aime


Toutes les émotions sont légitimes, tous les comportements ne le sont pas. Envie d'amener là un regard sensible et humaniste, hors cadre, celui que je porte sur la communauté harkie depuis des années, et sur les querelles fratricides récurrentes qui m'attristent et les dessert. Loin de moi une quelconque vérité, mais plutôt une somme de réflexions qui souhaite participer à leur engagement auquel je crois, suivi et observé de l'extérieur. La cause défendue est juste et grande ; elle le restera par une synergie dans l'action. Elle mérite un écrin de beauté, dans le respect et la dignité. Chacun avec ses sensibilités, sa manière d'être et sa personnalité, ses compétences et ses aptitudes, au service de l'œuvre commune, la mémoire légitime de votre histoire, qui doit être reconnue... reconnaissance en marche, me semble-t-il, sans être encore totalement aboutie. Les énergies doivent s'additionner sur ce long chemin, les bâtons se doivent d'être des relais que l'on se passe de main en main. Cette cause, je le pense profondément, doit rester au-dessus des individus. C'est une vigilance permanente que de s'observer dans ses propres comportements, que de se méfier de soi. Pour mieux s'ouvrir à l'autre. Naturellement, déjà une discipline de vie ; ici, un sacerdoce. La paix avec l'autre passe par la paix avec soi-même. Là aussi, le chemin est long, le chemin d'une vie. Mais je ne voudrais pas non plus apparaitre utopique. Principe de réalité, les chemins vers la quête sont défrichés par des femmes et des hommes, imparfaits. Et il en faut. Chacun doit prendre place dans l'édifice, sans avoir à l'esprit une hiérarchie de valeurs ou de pouvoirs, juste une hiérarchie nécessaire d'organisation. Tous les chemins, tous les trains qui sont mis en marche contribuent à rejoindre l'objectif commun : là est tout l'intérêt. Regarder devant, monter dans la locomotive choisie, être chacun les rayons du cercle, converger chacun à sa manière vers le centre, ce point de rencontre où l'unité se réalisera naturellement. Il y a le temps des cris, puis le temps du silence, enfin le temps du verbe. Pour ce que j'en ai vu, les initiatives sont ici nombreuses dans des formes d'expression protéiformes : orales, écrites, théâtrales, chorégraphiées, musicales, sculptées... Elles multiplient ainsi les échos, les résonances et les respirations, ouvrant les voies du "donner à voir" à tous ceux comme moi étranger de votre vécu de chair, faisant appel à l'intelligence du cœur. Sur ce chemin, la violence enferme et aveugle, la sensibilité ouvre et éclaire. Elle est photosynthèse de cette communauté. Ils le méritent. Pour l'homme, la culture de la "fleur de peau" doit être l'occasion unique de constituer pour la femme qu'il aime le plus beau des bouquets.


Photographie : Bruno B.

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