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  • Photo du rédacteurBruno

La faim d'immonde


Hier soir, Nicolas Hulot sur France 2. Installé sur mon canapé, un soupçon bobo, pour écouter et entendre une personne. Recevoir ses idées, enrichir et étoffer les miennes, les amender ou les renforcer. Comme je l'aurais fait avec n'importe qui quand j'ai ma partie de cerveau disponible. En étant là, présent à l'autre. Curieux. Attentif. Sans préjugé. Pour un sujet légitimement envahissant. Et ce, quelque soit son opinion, ses différences... là n'est pas mon propos.

Il faut du temps aux idées pour être exprimées, infusées, digérées. Il faut du temps à feu doux. Il faut du temps pour l'intelligence. Il faut pouvoir respirer. On a assisté à tout le contraire.

Le temps... Vite, vite, vite, on enchaine. D'un sujet à l'autre, d'une personnalité à l'autre. C'est le climat qui compte. Pas celui de la planète. Celui du plateau. Mettre le feu et les nerfs à vif. Assécher la réflexion. Inonder le silence. Incendier le terreau de la pensée. Sale temps, vraiment. On nous donne à manger et à voir. Emotion contre rationalité. On ne s'écoute pas, on ne s'entend plus. On pique à glace les égos, on tranche au couteau dans le vif, on scrute l'arme à l'œil. Faut qu'ça pleure ou qu'ça saigne. La plupart des invités choisis pour polariser le débat. Chacun sa posture. Les autres pour le fun. Théâtre de marionnettes. Remarques, invectives, punchlines. Les fantômes en filigrane ne se cachent même plus. On est là pour soi, pour faire le buzz, pour permettre à son camp de marquer des points, pour tuer. Abattoir. On pense déjà à demain, à l'audience, aux médias, aux réseaux sociaux. Chaud must go on. Le sujet n'est pourtant pas futile. Infiniment grand. Parasité par l'infiniment petit. Et au milieu, une faille abyssale. Poisseuse. Orchestrée. L'air pollué commence à manquer. Les bras s'agitent. Asphyxie. L'homme reste digne.

Bouquet final. Crescendo. Cerise glyphosatée sur le gâteau. Bilan de la soirée : quelques tweets tirés du chapeau. Dont l'un, traitant l'invité de lâche. Comme ça. Gratuitement. Lui envoyer ça en pleine poire bio devant 3,2 millions de personnes. Les jeux du cirque n'en seraient pas sans pouce levé ou baissé.

Je me pose des questions. Pourquoi ? Pourquoi faire un focus sur ce tweet ? N'est-ce pas violent ? Est-ce représentatif de quoi que ce soit ? Est-ce constructif ? Est-ce par pur goût du sang ? Par manque d'intelligence ? Qu'y a-t-il derrière la tête de ceux qui choisissent de le mettre en avant ?

Me suis couché nauséeux. Ce matin, j'ai eu beau chercher : rien dans les médias sur ce ressenti personnel. Aurai-je fait un mauvais rêve ?

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