top of page
  • Photo du rédacteurBruno

"Le bonheur, c'est d'avoir quelqu'un à perdre."



Il y a vingt ans, à la terrasse d'un bistrot, un père offrait à son fiston "La première gorgée de bière" de Philippe Delerm.

Il y a dix ans, une phrase du même auteur prenait entre eux une résonance définitive : "Le bonheur, c'est d'avoir quelqu'un à perdre".

Il était de passage, comme toujours, à Paris comme dans la vie.

C'était un rituel entre eux, ce moment de présence partagé, furtif, où les choses se disaient surtout entre les lignes et les silences, les lignes de fuite et les silences radio.

Le présent était là, en chacun de l'autre, imprégné de vie lourde, d'allégr(ai)sse.

Le présent prenait en ce jour la forme de ce livre, passage de témoin, médiateur d'un indicible, cellulose fertile et digeste pour transmettre l'émotion contenue, retenue, perçue, reçue, en vrac, en désordre, au doigt et à l'œil.

C'était sa manière à lui d'organiser le chaos des sentiments, et de tenter de circonscrire une vérité. Seuls les mots d'un texte poétique lui semblaient avoir le pouvoir de s'y approcher au plus près. Les autres s'en éloigneraient d'autant plus qu'ils chercheraient à expliquer.

Son fiston découvrit ainsi cette écriture de l'épure, de l'instant, de la pleine conscience, de la joie et de la beauté infinie des choses et de l'invisible.

Aujourd'hui, je le vois souvent, le fiston, à la terrasse d'un bistrot, feuilleter "La part manquante" de Christian Bobin.


Photographie : Bruno B.

bottom of page